mardi 8 décembre 2015

Inde!! dans la jungle de Manipur!!


L'officier birman scrute mon permis, me demande une photocopie de mon passeport. Pas une ride d´expression, pas un regard, pas un sourire. L´humanité n'a plus sa place aux postes frontières,
seuls numéros, permis, passeports et dollars font de vous un être humain.
Et de cela, je commence à en être fatigué, lassé, écœuré.
Le bruit du coup de tampon nous fait dire que nous sommes ´libérés´.

L´inde nous donnera la bienvenue par l'intermédiaire de 2 commandos de l'armée indienne. Armés jusqu'aux dents, souriants, ils nous indiquent de continuer le chemin pour atteindre le bureau de l'immigration.
Sur le chemin, nous croisons 4 personnes habillées type employé de bureau. Ils nous interpellent, nous disent d´aller aux bureaux de l´immigration. Nous répondons que nous y allions....sauf que l´on a déjà dépassé les bureaux et que ces 4 personnes sont les officiers de la frontière! ils vont ouvrir les bureaux, demi tour. Il est 11h du matin. Burlesque.
Formalités acquises, re contrôle militaire, contrôle sanitaire pour savoir si nous n´avons pas Ebola.

Nous pouvons enfin rouler. Pas pour longtemps, puisque au vu de l'heure tardive, nous décidons de nous arrêter à cette ville frontière, Moreh Basar.

Nous y voilà en Inde, cette fameuse Inde que tout le monde en parle. A descendre la rue principale, je suis un peu fébrile, nerveux. De ce pays, je ne sais à quoi m'en tenir, de plus les regards dévisageants, omniprésents des indiens à notre passage ne font qu'empirer la chose. Il faudra du temps pour digérer tout ça.

Nous posons les sacoches au fameux Sangai lodge, auberge bien connue des cyclistes. Arrêt presque obligatoire, en direction de l´inde, il faut passer une montagne où les checkpoints militaires sont omniprésents, des bandits de grands chemins peuvent voir le jour. Il est donc préférable de commencer de bonne heure cette traversée pour atteindre la ville suivante, Imphal.


Moreh Basar porte bien son nom. C'est par ce trou de souris que transite 70% des importations chinoises.
Il y a deux portes d´entrées, la porte 1 pour les étrangers et la porte 2 interdite aux étrangers.
C´est par cette dernière que se trouve un marché international, on peut y acheter des bassines en plastiques aux armes de guerre en passant bien sûr par les drogues et autres explosifs.
Ainsi une certaine faune circule dans les rues.
Du balcon du lodge, nous observons une multitude de différents visages. de milices en tout genre...
Toutes les tribus des montagnes du Nord-Est de l´inde se retrouvent ici pour faire du ´Bizness´. Bref ça brasse!

Moreh basar ne ressemble à rien, successions de gargotes aussi noires que le goudron de la route, camions, triporteurs, charrettes et bien sûr les vaches au milieu de ce vacarme.



Une allemande, Ingrid, arrive dans l'après-midi, elle est aussi à vélo. Nous roulerons ensemble quelque jours, formant un trio européen.

Le soir, le patron de l´auberge nous emmène dans une gargote où l´on y mange du poisson. Pour y accéder, nous avons du éviter toutes sortes de pièges, il était aussi difficile de ne pas se prendre les pieds dans quelque chose que de se cogner la tête dans autre chose. Le patron nous informe qu´ici ils travaillent ´bien´ mais que dans d'autres gargotes, l’hygiène n'est pas très respectée. La différence n´est pas visuelle...
En sortant de la gargote, c'est le calme plat. La ville est déserte. Il est 7 du soir.

Nous sommes dans L´inde du Nord-Est. Constitué de 6 départements, communément appelés les 6 soeurs, Manipur, Nagaland,Assam,Arunachal Pradesh, Tripura, Mizoram.

Les 6 soeurs ont en commun un élan séparatiste, un mouvement d´indépendance vis à vis de l´Inde centrale.
Les tribus, au sang mongol, qui se sont senties ignorées, méprisées et même oubliées, ajouter à cela une corruption affligeante, qui ne se cache pas, ont fait naître des mouvements rebelles. Des groupes armées s'en prennent régulièrement à l'armée indienne et autres institutions.
L'état de Manipur est la région où les mouvements séparatistes sont les plus actifs.
Ainsi un couvre feu est instauré, vente d´alcool interdite, barrages, check-points de toute part.
Imphal, la capitale de la région fait partie du top 100 mondial des villes les plus dangereuses au niveau terrorisme.

Le lendemain, nous prenons la route pour Imphal où nous serons hébergés par un warmshower.
Petit-déjeuner à moreh basar

La route sera quasi déserte puisque des manifestants bloquent la route pendant 48h.
Ils réclament le dénouement du kidnapping d'un adolescent, la police traîne un peu les pieds apparemment. Fait devenu assez courant de la part de groupe rebelle comme moyen de subsistance.

On va passer des check-points militaires bien-sûr, on verra aussi des soldats sillonnant les champs de riz, postés le long de la route. Souvent nous sommes doublés par des convois militaires, des jeeps équipées de mitrailleuses sur le toit ouvrent la route, un militaire ordonne de libérer la route par coups de sifflets. Faut se pousser!




Un commandant de base militaire s'arrêtera à notre vue et nous demandera une petite séance de photos, le tout bien sûr entourés de mitraillettes. Il nous félicitera de notre aventure.



Impahl.
Notre premier contact avec une ville indienne arrive et on le voit depuis longtemps. Un nuage noir de pollution que l´on observait depuis longtemps se rapproche petit à petit.
La nuit commence à tomber, nous sommes à l´entrée de la ville.
Il est impossible de se parler, le bruit, le vacarme atteint un niveau de décibels jamais vu. Nous communiquons par gestes.
Dans le centre ville, il est quasi impossible de trouver un coin où s´arrêter 2 minutes pour trouver notre chemin.
Tout est mouvement.
 Les magasins étalent leurs marchandises sur le trottoir, les vendeurs ambulants comblent les espaces vides. Les piétons marchent sur la route, les voitures roulent au milieu, entre deux, se faufile tout et n´importe quoi.
il faut être vigilant, ça peut venir de tout part. Et il y a les vaches au milieu, en train de mâchouiller un bout carton. Personne ne proteste, pas un coup de bâton, même si elles occasionnent un embouteillage. lLa vache est sacrée ici. Pas le vélo....

Finalement, nous trouvons notre warmshower. Aidé par un jeune indien en moto, il nous indiquera le chemin. Photographe de métier, il nous bombardera de coups de flash, prenant centaines de photos dans tout ce brouhaha. Surexcité, il nous mitraille, je suis pas loin de lui en coller une.
Après 110km de vélo, je commence à lâcher prise, dans ce bazar, j'ai du mal. Je suis passablement aimable, je me ferme sur moi-même.
Peut être un instinct de préservation qui fait surface...

Nous arrivons à la maison de notre hôte après avoir vu une multitude de police et milice fortement armées.
La maison est grande avec une cour intérieure et c'est enfin le calme. Jamais, je n'avais eu le besoin aussi intense d´être dans le silence. Puis ce seront des trombes d´eau qui s´abattront pendant 3 jours.
Welcome to India.

Ça roule.




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