vendredi 11 mars 2016

Inde!! Arunachal Pradesh! Direction Mechuka..



Nos permis sont vaguement examinés par les policiers. La barrière se lève et la route grimpe déjà sans préambule.
Nous remontons une vallée très encaissée, la végétation est luxuriante, la rivière en contre bas coule à flot.
C'est dans l'inconnu que nous avançons. Les cartes, gps et autres indications sont peu fiables. Cette partie du monde n'a pas encore été cartographiée dans son ensemble.

En feuilletant un guide de voyage, notre curiosité s'arrête
sur une petite ville située à 60 km de la frontière tibétaine du nom de "mechuka"
La route fut finie en 2004 et d'après le guide, rien que d'atteindre cette bourgade est déjà une aventure en soi.
Ces quelques mots nous suffisent pour prendre notre décision.
En route pour mechuka! Il faudra d'abord passer une première barrière de montagne puis remonter d'étroites vallées pendant un long moment.

La nature est belle, trafic routier quasi inexistant. Le bonheur de faire du vélo est présent.
Les premiers villages apparaissent.
De longues et grandes maisons sur pilotis, tout en bambous. Le toit végétal descend très bas.
Les villages sont magnifiques. On voit très peu de gens. Tous occupés aux tâches agricoles.
De temps à autre, des personnes sortent de la jungle, machette à la main, dans leur dos un panier tressé rempli de végétaux de toutes sortes.
Toujours le sourire au bout des lèvres, ils s'inquiètent un peu de notre sort quand nous leur indiquons que nous allons à mechuka.



Le terrain se présente mal pour le camping, pente raide, jungle.
Quand l'obscurité commence à se faire sentir comme la faim, nous n'avons toujours rien trouvé. Une moto s'arrête. Après quelques explications, il nous ouvre la barrière d'un site d'exploitation de bois. Il connaît le propriétaire, pas de souci.



Il fait nuit et la pluie commence à tomber. Nous cuisinons entre deux averses.
Au petit matin, nous observons une grande vallée, rizières, vaches, entourée de hautes montagnes . Un mélange de nuages et brumes s'entredéchirent.

En bas de la vallée, nous nous réfugions dans une petite gargote. Des trombes d'eau s'abattent.
L'arunachal est une vraie pompe à eau, alimentant une grande partie de l'Inde et du Bangladesh.
L'évaporation provenant du golfe du Bangladesh s'arrête ici. Sur le mois passé, on aura eu de la pluie quasiment tous les jours.

Nous patientons en engloutissant des rôtis-galette plate de farine de blé- avec un ragoût de haricots et pomme de terre, le tout arrosé de thé au lait sucré.
Le patron nous offrira une tournée, par pitié je pense.

Il pleut un peu moins, nous reprenons la route.

Nous croisons un convoi militaire.

Dans un virage en descente sur une portion de route pourrie, un grand boum nous surprend suivi d'un grand bruit de ferraille.
Mon vélo devient incontrôlable, je m'arrête tant bien que mal.
Le pneu arrière vient d'éclater, enfin la chambre à air. J'étais sur la jante.
Pneu déchiré sur le flan, irréparable.
Heureusement Mauro a un pneu de rechange dans ces sacoches.

Après quelques jours, nous arrivons au chef lieu du coin.
Nous faisons les provisions en conséquence. Peuplé uniquement de tribus, sur la route on trouve très peu de magasins. Les autochtones s'autosuffisent.






En chemin, une voiture s'arrête, un américain et sa femme originaire de la région.
Admiratifs et inquiets aussi. Ils nous préviennent que maintenant "c'est sauvage"!
Sa femme nous enseigne rapidement les plantes, sur un bout pas plus grand d'1m2, elle en sort une multitude de nourriture. Racines, feuilles, tiges...
Pas étonnant que l'on trouve peu de magasins!

La route est usante, elle ne fait que monter et descendre. À chaque torrent
qui se verse dans la rivière 100m en contrebas, la route se jette aussi. Des pentes courtes mais raides.
À chaque torrent franchi, la nature nous montre sa force.
Rochers et troncs d'arbres énormes entremêlées, la jungle étouffant la vue, on se demande d'où tout cela peut bien sortir.

Un soir, à la tombée de la nuit, nous demanderons hospitalité à un camp militaire. Le temps est à la pluie.
Elle nous sera refusée, zone de défense. On dit qu'il y a une petite ville à 5km. Nuit, pluie, 5km de montée, ça peut prendre 1h de temps.
Invariablement, c'est un 'non' que les militaires nous répètent.
On leur demandent de l'eau, 6 litres au total. Cela ne les étonne même pas.
6 litres pour 5 km....

La route est à flanc de montagne, plutôt dangereuse, mais dans le noir le danger est quasi nul.

On arrive finalement à l'entrée de la ville et on décide de poser la tente à côté d'une cahute pour gardien. Ça sera notre cuisine.

On remplit les sacoches de nourriture pour la dernier partie de l'ascension.
La vue sur la vallée qui nous emmène droit vers Mechuka est fantastique.
On a l'impression d'être dans un film d'aventure à la conquête de 'je ne sais quoi'.

Une multitude de cascades d'eau borde la route, celle-ci par moment taillée dans la roche.
La route est vertigineuse, en regardant en arrière, on voit le tracé à flan de montagne.

Sur Internet, j'avais lu qu'une petite mouche au nom de 'dam doum' peuplait les environs. Elle pique, laissant une petite tâche de sang et surtout peut donner une sorte allergie.
Nous y prenons guère attention depuis le départ.
Après un certain temps, je remarque que mes chevilles se sont bien faites attaquées et une couleur violacée apparaît.


 Puis une inflammation commence, mes pieds, mes chevilles sont tout gonflés à tel point que cela me gêne pour faire du vélo et même marcher.
Mauro s'inquiète un peu de mon sort. On doit continuer à rouler, le seul dispensaire est à mechuka..à 2 jours de velo...

Le paysage est somptueux, l'eau coule de partout.
Nous atteignons le point culminant de la route, nous sommes à 2000m d'altitude. Le vent, la pluie nous donnent la bienvenue. Il commence à faire bien froid aussi.
Je me sens  fatigué, tellement fatigué que je demande à Mauro si il est dans le même état. Pas au top mais il va bien. Je mets ça sur le compte de l'altitude. Même à 2000m on peut ressentir le mal des montagnes.

Nous arrivons à Mechuka, et c'est splendide malgré le temps exécrable. Après 4 jours de jungle, nous sommes maintenant dans un paysage alpin. Surréaliste.
Une large rivière serpente à travers une vaste vallée verdoyante.
Les sapins et pins ont remplacés la jungle, les drapeaux de prières bouddhistes s'entremêlent dans le vent.
C'est un mélange de paysage écossais avec de haut pics  himalayen enneigés que nous aperçevons entre deux nuages.

Nous sommes accueillis par la police. Vérification des permis, puis on nous invite dans une autre cabane auprés du feu à boire le thé.
Nous somme pris pour des héros inconscients d'être venus jusqu'ici en vélo.
Par contre, je suis complètement lessivé et j'ai froid.
On nous emmène dans une homestay.
Je m'ecroule et dors sous 3 couvertures mais j'ai du mal à me réchauffer.

Nous y passerons trois nuits, il pleuvra pendant trois jours et j'aurai des grosses vagues de fatigue et de froid.
On se balade un peu, le Tibet est à 60km et il se fait sentir.
Un fois de plus, nous ne sommes plus en Inde. Mais ailleurs.
La ville compte quand même 10000 habitants.



Mon état s'améliore, l'allergie sur mes pieds s'estompe.
En fait j'apprendrai bien plus tard, que cette foutue mouche est porteuse de la "fièvre noire" et qu'elle me l'a transmise. Rien à faire, à part prendre du paracétamol.

On rencontre un biologiste qui nous enseigne une plante pour se protéger de cette mouche. C'est l'artemis vulgaris, il suffit de se frotter les feuilles directement sur la peau. Et ça marche!!
Il venu conseiller un horticulteur qui plante une variété de petit sapin endémique de la région. Les aiguilles contiennent des molécules qui aident à contrer le cancer. Il fournit un labo pharmaceutique.
L'Arunachal Pradesh est une zone unique au monde. Elle contient une richesse extraordinaire de plantes médicinales. Malheureusement certaines entre elles sont en voie d'extinction dû à une grande cueillette de la part des tribus.
Tout comme la faune sauvage. Les autochtones sont de redoutables chasseurs et avec le commerce illégal de peaux et autres griffes, il ne reste presque plus rien.
À la frontière tibétaine, on chasse l'ours en les piégeant dans une fosse munie de pics en bois au fond.
Une personne nous racontera qu'un membre de sa famille est mort ainsi.
Tombant dans la fosse, il s'est fait empaler par les pics.
Très peu d'oiseaux aussi, tous chassés, tous mangés.

C'est un peu triste que ces tribus vivant en communion avec la nature n'ont pas pris conscience de leur environnement. L'appel du gain...


Maintenant, il faut redescendre. On envisage de prendre un camion pour gagner un temps précieux sur nos permis. La recherche est infructueuse.
Pis avec mauro, nous décidons par orgueil de refaire le chemin inverse en vélo. Qu'à cela ne tienne le permis!
On se dit finalement que 'l'on ne gravit une montagne qu'une fois l'avoir descendue'!




A plus
Ça roule.


1 commentaire:

  1. bonjour
    ça a l'air plus coriace que l'amérique du sud
    je vois d'aprés ton plan que tu n'est pas rentré
    on va peut être se croiser l'année prochaine
    je compte repartir à l'est cette fois l'année prochaine en Mars
    Pierre de Contes

    RépondreSupprimer