jeudi 10 mars 2016

Inde!! Nagaland!! De collines en collines...



Nous quittons l'école catholique de Marrand.
Un convoi militaire d'une vingtaine de véhicules passe dans le village.
Nous apprenons qu'une fausse bombe a été jetée dans une cour d école à Imphal par un groupe rebelle afin de mettre un peu plus de pression sur le gouvernement régional et/ou  lui soutirer un peu plus d'argent.
Le gouvernement régional subventionne
certains groupes rebelles pour les maintenir sous contrôle, tenir un faux semblant de paix et avoir les yeux doux du gouvernement central.
Plus d'argent, plus d'armes, l'appétit grandit. De nouveaux groupes rebelles ont vu le jour.

La septième compagnie..

La route continue de serpenter à travers les collines, toujours avec un village en haut de chaque colline.
On aperçoit d'immenses églises, églises protestantes, luthériennes ou réformées, évangéliques (baptistes, méthodistes, pentecôtistes...) ou libérales. Ici, On cuisine Jésus à toutes les sauces.


Nous sommes devant la cathédrale de Kohima. Nous avons un peu le trac. On a un peu l'impression d'aller demander l'hospitalité à Notre Dame de Paris!
L'évêque en personne nous reçoit. Nous sommes les bienvenus. Mauro avec son passeport italien reste la star incontestée, surtout que nombreux frères ont étudié en Italie et parlent un très bon italien.

Cathédrale de kohima

Kohima


Depuis la cathédrale, on surplombe tout kohima et ses quelques collines qui furent l'un des champs de bataille de la seconde guerre mondiale entre anglais et japonais.

Le soir, nous partageons le dîner avec l'évêque et une bonne dizaine de frères.
On apprendra que l'évêque partira en tournée au USA et en Europe, non pas pour faire un concert de rock mais pour récolter des dons pour sa paroisse.
Une grande carte murale de la région est accrochée au fond de la salle.
Un frère nous explique les différentes tribus qui y habitent et les nombreux dialectes qui existent.
Il n'y a pas si longtemps, il n'y avait pas de route entre les villages, c’était de nombreuses journées de marche. À chaque colline, un village et à chaque village une tribu et donc un dialecte différent. Il y a même certains hameaux tellement isolés du reste du village qu'ils possèdent leur propres dialecte! Dans le village du frère qui nous fait l'explication, originaire de Nagaland, on dénombre 6 dialectes différents!

Ingrid nous quitte, elle prend une route plus directe pour rejoindre le Népal.
Avec Mauro, nous continuons plein Nord en direction de l'Arunaschal Pradesh.

Avec Ingrid


Dans Kohima, où il y règne un vacarme ahurissant et des embouteillages monstres, nous remarquons la présence d'indiens des états du centre. Ils ont la peau beaucoup plus mate et noire. N'étant pas habitués au froid et venus ici pour chercher une vie meilleure, avec peu de moyen, ils essayent de se tenir au chaud.
Ainsi une écharpe, par un savant entortillement, couvre la tête et le cou. Un pull aussi fait office de cagoule, le tout habillé comme des employés de bureau, chemise, pantalon et veste où quelques déchirures et reprises apparaissent.
Il leur émane un air de pitié inexpliquée, généralement accroupis sur eux-mêmes, le visage vide de sentiments. J'ai l'impression que des vautours m'observent.

Sur la route, par moment, apparaissent des stèles pour commémorer la mort de personnes lors d'attentats ou d'attaques, une bombe dans un bus, des militaires pris en embuscade....


Deux convois militaires se croisent, la route est juste assez large pour un camion, fossé d'un côté, pente raide de l'autre.
Les grandes manœuvres commencent. Sauf que l'armée indienne est aussi douée que la septième compagnie! Et là, il viennent de se faire une tenaille.
On se faufile entre les camions, une vingtaine de chaque côté. Endroit parfait pour se faire mitrailler par un groupe rebelle. Nous filons...
D'ailleurs quelques mois plus tard, 19 militaires mourront, pris en embuscade.

Nous demanderons l'hospitalité par deux fois encore aux écoles catholiques.
Dans l'une d'elle, on nous explique la corruption qui règne dans la région.
Un stade de sport a été construit avec l'argent du gouvernement central, c'est ce que l'on peut lire dans la presse sauf que le stade n'a jamais été construit. Corruption de toute part. Pour éviter que le gouvernement central mette son nez dans les affaires, le gouvernement régional a déclaré le département en zone dangereuse.
Du coup aucun officiels n'ose s'aventurer dans l'Inde du Nord-Est. Et si finalement un représentant de l’état vient, on lui graisse la patte comme il le faut.

La population proteste peu. D'une, dû à la répression et deux, ils profitent aussi du système. Ce sont les habitants de chaque village qui entretiennent les routes. Ils suffit juste de pointer pour obtenir une petite somme d'argent sans toucher à une pioche.
Sachant que pour la plupart des tribus, d'avoir un toit et à manger suffit pour être bien, alors à quoi bon se révolter contre un système indétrônable.




Quelques portiques jalonnent la route, ils montrent l'entrée d'un village, ornés des symboles de la tribu qui y habite.
Des graffitis, indiquant la présence de chasseur de tête, apparaissent.
Tradition révolue. Autrefois pour devenir un homme, il fallait ramener la tête d'une autre tribu rivale.

Un camion s'arrêtera juste après nous avoir doublés.
À son bord, trois jeunes népalais.
Séance de photos, quelques mots échangés. L'un d'eux aide son frère pendant les vacances afin de financer ses études.

5min après, on retrouve le camion.
Les trois jeunes nous interpellent.
Ils veulent nous offrir une petite somme d'argent pour nous aider dans notre periple.
Nous refusons. Impossible. Nous mettons alors nos mains derrière le dos afin de ne pas accepter l'argent tendu. Ça rigole de toute part.
Mais rien à faire, ils glissent les billets dans les manettes de frein!
Pour eux, c'est  normal et cela représente un grand geste d'amitié. La somme équivaut à 2-3 repas, pas grand chose à nos yeux mais en Inde où le niveau de vie est très bas, ce n'est pas rien.





Nous commençons à descendre les montagnes du Nord-Est pour atteindre le Bramaphoutre, mythique fleuve qui prend sa source au Tibet et arrose tout le Bangladesh.
La chaleur augmente, nous traversons une immense mer verte, le thé fait son apparition, nous sommes dans l'état de l'Assam.

A plus
Ça roule.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire